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Le témoignage de Laura

Femme sérieuse

J’ai été victime d’abus sexuels de la part du compagnon de ma grand-mère de mes 6 ans à mes 14 ans. Il était très difficile pour moi de me rendre compte à 6 ans de ce qu’il se passait mais je savais au fond de moi que quelque chose d’étrange se produisait, je ressentais de la peur, de l’intimidation, comme une emprise malsaine.

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Cela a commencé par des caresses sur les cuisses, sur la culotte, puis sous la culotte. Cela s’est reproduit plusieurs fois. Il m’a également fait toucher son sexe a plusieurs reprises aussi. Quand j’ai commencé à grandir, il me caressait la poitrine et me demandait de l’embrasser sur la bouche, il venait me voir dans mon lit avant de me coucher, j’étais terrorisée face à lui et complètement tétanisée. 

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Nous partions presque tous les étés en vacances avec ma grand-mère et lui, c’est à ces moments là que la plupart de ses attouchements se déroulaient. Il me menaçait de ne pas repartir avec eux les étés suivants si je ne faisais pas ce qu’il me disait de faire. J’avais tellement peur pendant toutes ces années, à chaque fois que je retournais en vacances avec eux, j’étais contente de revoir ma grand-mère mais j’avais peur de revivre les mêmes choses encore et encore. Je ne comprenais toujours pas totalement ce qu’il m’arrivait, j’étais effrayée à l’idée de le dire à quiconque, je me disais « la prochaine fois qu’il recommence, je le dis ».

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A l’âge de 13 ans, j’en parle pour la première fois à ma meilleure amie de l’époque, qui très mature pour son âge m’a énormément aidé et m’a encouragé à en parler à mes parents. Mais je continuais à avoir peur, peur qu’on ne me croit pas, peur qu’on dise que c’est de ma faute ce qu’il m’arrive.

A 14 ans, un soir, je demande à mes parents de venir dans ma chambre pour tout leur expliquer, ce fut très dur pour moi de raconter en détail ces 8 dernières années, mais je l’ai fait. Mes parents étaient sous le choc face à mes propos mais m’ont tout de suite cru de du début à la fin, ils n’ont jamais remis en doute ma parole. Ils ont appelé ma grand-mère tout de suite après mes révélations et elle lui a demandé de partir. Le lendemain, j’étais à la gendarmerie pour porter plainte contre lui, j’ai raconté à nouveau tout en détail. J’ai été cru.

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J’ai vu ma famille dévastée par cette nouvelle et je m’en voulais d’avoir parlé, je pensais que tout était de ma faute, j’ai regretté pendant longtemps mes aveux. Mais ma famille était là pour moi et pour me dire que ce que j’avais fait était la chose la plus courageuse que l’on puisse faire. 

Quelques temps après, j’ai vu un pédopsychiatre à qui j’ai du expliquer ce qu’il s’était passé, comment je me sentais depuis mes aveux pour qu’il puisse m’orienter vers un professionnel. J’ai vu un psychologue pendant deux ans qui m’a beaucoup aidé à faire face à cette situation et a extérioser tout ce que j’avais enfoui en moi pendant 8 années et pour m’aider à me construire durant ma période d’adolescence. 

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Quelques mois plus tard, je suis retournée à la gendarmerie pour me faire entendre une nouvelle fois et cette fois-ci être enregistrée afin de constituer mon procès verbal. Les gendarmes étaient très attentifs à ce que je disais et n’ont pas une seule fois remis en cause ce que je racontais. 
La procédure judiciaire fût assez longue, un an après il y a eu la première confrontation dans le bureau du juge avec nos avocats, c’était très difficile d’être dans la même pièce que lui, je n’ai pas pu le regarder une seule fois.

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Encore un an après, à l’âge de 16 ans, le procès a lieu. Après plusieurs heures de procès, la sentence est tombée, il a été condamné et reconnu coupable, il écopera de 6 ans de prison ferme. Ce fût un soulagement pour toute ma famille et pour moi également, mais surtout de me dire que j’ai peut-être protégé des petites filles de ce prédateur.

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Aujourd’hui cela fait 9 ans que j’ai tout avoué et il ne se passe pas un jour sans que j’y pense, sans que des images me reviennent. Je n’ai jamais repris confiance en moi depuis, mais c’est un travail que je fais sur moi tous les jours avec l’aide de mon entourage. Malgré ma fragilité j’en ai fait une force que plus personne ne pourra briser.

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J’ai été cru du début à la fin par tous mes interlocuteurs, pourtant je n’avais aucune preuve. 

Je vous adresse ce témoignage pour vous dire que c’est possible, nous pouvons être aidé(es), des personnes sont là pour nous protéger et pour punir ces prédateurs. Nous ne sommes pas seul(es) et personne ne devrait affronter cela sans aide. 


Je vous souhaite le courage que j’ai eu pour en parler et de rencontrer des personnes aussi bienveillantes que celles que j’ai rencontré. 


Je remercie toutes les personnes qui ont cru en moi, qui m’ont accompagné et qui m’accompagne encore aujourd’hui. 

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