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Le témoignage de Christophe

Homme avec une barbe

En parcourant les nouvelles, j’ai découvert que la personne qui m’avait agressé sexuellement quand j’avais 25 ans, était devenue une personne publique, à la moralité présentée comme exemplaire. La médiatisation de cette femme a été pour moi le catalyseur d'un profond désarroi, générant des souvenirs de sévices endurés et de très douloureux moments de détresses psychologiques.

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Durant trois saisons sportives, dans les années 1985, je fus sous l'emprise de cette femme mariée, mère de trois fils, et beaucoup plus âgée que moi. Je l’ai rencontré au sein d'un club de gymnastique dans une grande ville. J'étais à cette époque un jeune homme sans estime de soi même, complètement introverti et à qui on avait appris à toujours dire « oui ». De surcroît, j'étais « étiqueté » puceau notoire dans ce club, ce qui faisait rire certaines personnes.

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Le soir après les entraînements, j'avais la responsabilité de fermer la salle de sport. Me sachant seul, cette femme survenait brusquement, elle me baissait le pantalon, prenait mon sexe et le plaquait sur sa cuisse… Cela durait quelques secondes et s'achevait systématiquement par un ricanement diabolique de sa part, que j'entends encore et qui me glace le sang. J'étais totalement tétanisé, elle me faisait réellement peur. Incapable de fuir ou de me débattre pour exprimer ma désapprobation.

 

J'étais conscient que cela était absolument sordide. Je me retrouvais seul, complètement ravagé, déchiré entre le sentiment de culpabilité et le remord de ne pas avoir eu la force de la repousser.

Lorsque je rentrais chez moi, je me retrouvais prostré, assis par terre dans un coin, seul avec la honte, le sale goût de l'humiliation, la douleur. Je voulais être quelqu’un d’autre, je n’avais plus envie de vivre... Les nuits suivant les agressions, je m’automutilais et me réveillais avec les avants bras ensanglantés. Souvent les envies du geste ultime planaient dans mes nuits blanches…

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Peu d'années après avoir réussi à m’échapper de ce club et de cette personne, j'ai rencontré celle qui allait devenir ma femme. Malheureusement, mon agresseuse avait, depuis longtemps, répandu la rumeur que nous avions étés amants. Mon épouse voyant mon mal être au début de notre relation, et ne sachant qui disait la vérité, l'a contactée. Bien mal lui en a pris, puisque celle qui m’avait agressé lui répondit qu’il y avait des « sentiments amoureux » entre nous. Quels sentiments amoureux trouver dans ces rapports obscènes ! Elle poursuivait ainsi son œuvre de destruction psychologique à distance.

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Quelques années plus tard, j’ai consulté un psy. J'ai pu lui raconter mon mal-être, le traumatisme consécutif à cette expérience, ma difficulté à en parler. Il m'a aidé à me reconstruire, et m'a donné les bons outils pour reprendre l'ascendant et avoir la force de me confronter à cette femme afin de lui montrer que je n'avais plus peur d'elle ! Il m’expliqua que j'avais été victime et qu’il était essentiel de ne pas rester dans la peau de cette victime. J'ai réussi à le faire en me rendant un jour dans la boutique où elle travaillait pour une confrontation libératrice à laquelle je m’étais solidement préparé.

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J’écris ce témoignage, à maintenant 60 ans, avec l'espoir que si des personnes vivent en ce moment des sévices sexuels de ce genre, elles aient la force de se dépasser pour en parler à des personnes de confiance. En effet, je pensais être capable de m'en sortir par moi-même. Hélas, ce fut impossible car ce genre de prédateur sait que vous êtes faible et vulnérable. Ils peuvent alors abuser de vous, et cela dans une spirale infernale qui se resserre au cours du temps ! Mon seul regret est de n'avoir pu empêcher ce monstre d'avoir peut-être brisé d'autres personnes.

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